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 Une sombre histoire de lapins

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Rainbow
Bêêêhémot
Rainbow


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MessageSujet: Une sombre histoire de lapins   Une sombre histoire de lapins Icon_minitimeDim 26 Oct - 20:00


Chapitre 1: Une berceuse pour Kaelle

Un, deux, trois, nous irons au bois,
Quatre, cinq, six, cueillir des cerises,
Sept, huit, neuf…


- Lucy, tu pourrais arrêter de chanter s’il te plaît ?

Lucy pencha sa petite tête blonde sur le côté, comme si je venais de lui parler en mandarin d’Afrique, regarda autour d’elle et, finalement, se pencha vers moi :
- Mais si je ne chante pas, ils vont revenir.

« Ils », c’est ces foutus lapins que Lucy voyait constamment. Quand je dis constamment, c’est même quand elle ne prenait pas de drogues, et, Lucy …avait peur des lapins.

J’avais demandé un jour à Eden, notre patronne, les causes de ces hallucinations, mais elle s’était contentée de hausser les épaules en me répondant par un vague :
- Elle a vécu des choses très difficiles.

Moi aussi j’avais pas été gâtée et c’est pas pour autant que je délirais H24 !

Bon, il y avait bien quelque chose dans ce genre, mais ça s’était passé il y a longtemps… Enfin bref… Je m’étais habituée à cette petite camée blonde tout simplement parce que c’était ça, ou je prenais la porte, perdant mon foyer et mon boulot.

N’empêche qu’Eden avait tendance à ramasser tout ce qui traînait ! J’en étais la preuve vivante ! Au fond, elle ne l’avouera sans doute jamais, même sous la torture, mais c’était quelqu’un de bien.
Je ne dis pas que gérer un petit groupe de mercenaires était quelque chose de bien, hein !

Au début, nous étions une dizaine. Hommes et femmes confondus. Nous voyagions à travers le monde, prêts à exécuter toutes sortes de contrats. Ne pas avoir d’adresse fixe était très pratique quand on faisait ce genre de métier, nous étions libres et totalement inconnus des services de police. Ou presque. On n’avait jamais eu de problèmes avec eux en tout cas.

Et puis, suite à une sorte de rébellion (j’ai jamais su ce qui leur avait pris), nous nous sommes retrouvées à trois : Eden, toujours à notre tête, Lucy et moi.

Le côté positif, c’est qu’on pouvait toutes vivre dans un camping-car maintenant. Ça faisait des économies : au lieu de se balader avec quinze-mille véhicules on changeait juste les plaques d’immatriculation de temps à autre.


Dix, onze, douze, elles seront toutes rouges…
Un, deux, trois, nous irons au bois.


AAAH mais bordel de merde ! Il n’y avait pas moyen de l’arrêter quand elle s’y mettait ! Et il est… Il eeessstttt…
- Eden, dis-lui quelque chose, il est six heures du mat’ !

Eden se retourna et je regrettai ma plainte. Eden roulait…
- Lucy, ma belle, Kaelle doit être en forme pour sa prochaine mission, chante-lui plutôt une berceuse pour qu’elle se rendorme.
- Ah ! Ah ! Ah ! Très drôle Eden… T’en as d’autres comme ça ?

Le doigt de ma coéquipière vint m’écraser les lèvres.
- Chuuuuutttt ! Ne contredis pas la reine arc-en-ciel ! M’ordonna-t-elle.

La reine arc-en-ciel, ouais, vous avez bien entendu.

Lucy avait sa propre façon de voir les choses et les cheveux multicolores coupés à la garçonne de notre chère et tendre patronne la fascinaient. Elle allait parfois même lui acheter des nouvelles teintures, histoire d’en rajouter, de telle sorte que je n’avais jamais su quelle était sa couleur naturelle, depuis trois ans que j’étais à son service. C’était sans doute un grand secret qu’elle emporterait dans sa tombe.

Ou peut-être que sa couleur naturelle, c’était multicolore. Mystère.

Enfin bon, chacune son truc : Eden se teignait les cheveux, Lucy se droguait de temps à autre et moi, je flinguais des gens. Dit comme ça, ça fait une drôle de bande, j’avoue, mais malgré ça, nous étions très efficaces sur le terrain. Enfin, j’avais jamais vu Eden à l’action, c’est elle qui gérait toutes les missions, mais c’était le genre de personne qui n’avait rien à prouver : tout était dans l’aura.
Quant à Lucy… Elle ne venait pas très souvent, mais elle savait s’y prendre. A sa manière bien sûr. Mais en général, c’était un peu notre mascotte en fait, avec son physique d’adolescente mal nourrie et ses grands yeux hallucinés.

Lapin, tu dors,
Ton moulin, ton moulin va trop vite,
Lapin, tu dors…

Et merde…

Je plaquai mon oreiller contre mes oreilles au-dessus de ma tête et fermai les yeux.

Pour les rouvrir en sursautant quelques heures plus tard.
- Ça va ?

Je croisai le regard d’Eden et tentai de me rappeler l’origine de ce réveil brutal.
- Ouais, ça va. Ça devait être un cauchemar. On est arrêtées depuis combien de temps ?
- Une heure à peu près. La prochaine mission ne se trouve pas très loin.
- Qui est-ce qu’il faut éliminer ? Demandai-je nonchalamment en m’étirant.

Ma patronne me tendit un petit bout de papier plié en quatre alors que j’enfilais un pull, cherchant Lucy du regard. Ne pas l’entendre pouvait devenir super angoissant. C’était comme un gamin qu’il fallait surveiller constamment.
- Tout est marqué dessus.

Elle ajouta, comme si elle lisait dans mes pensées.
- Lucy est partie faire un tour.

Je hochais la tête, dégageant mes cheveux du col. De longues mèches noires vinrent immédiatement se plaquer tout contre moi. Putain d’électricité statique.

Enfin, si Eden avait laissé Lucy sortir, c’est qu’elle n’avait rien fumé. Elle était… sobre ? Je ne trouvais pas le mot approprié.

- T’es sûre qu’elle va pas se paumer ? Demandais-je en sautillant, un pied dans mon jean.
- Elle a un bon sens de l’orientation.

Elle se retint de rajouter « pas comme toi », mais le petit silence qui s’installa juste après disait tout.



Je décidai d’ouvrir la feuille que m’avait donnée Eden une fois sortie de la boulangerie la plus proche, un croissant entre les dents, ce qui m’empêcha d’articuler quoi que ce soit pour râler quand je découvris ce qu’il fallait descendre.

Oui, pas qui, mais quoi ! Un prêtre plus précisément ! Putain de merde !

Après avoir rapidement localisé l’adresse, je brûlai la feuille avec un briquet qui ne me quittait jamais. Je ne fumais pas et il n’avait pas de valeur sentimentale, je le trouvais juste sympa avec son pikachu dessus. Et puis, c’était bien pratique pour faire disparaître certaines preuves, avec une bonne quantité d’essence.

Je n’étais pas très loin de l’appartement de… Euh… J’avais oublié son nom… Enfin, quelle importance. Tant que je n’avais pas oublié l’adresse… Et tant que je ne me plantais pas de mec…

Le prêtre Machin, appelons-le comme ça, habitait tout en haut de l’immeuble.

Non, mais franchement, quand je me tapais un boulot merdique, ça l’était jusqu’au bout ! Manquait plus qu’il soit…

………

…………

……………

Déjà mort.

Je soupirai et me penchai sur le corps. Eh bien ! Ils s’étaient éclatés visiblement !

Le trou net entre ses yeux pouvait faire passer ce meurtre pour une exécution… S’il n’avait pas été éventré juste après.

On aurait pu croire que c’était sans doute pour récupérer un truc de valeur qu’il aurait avalé (diamant, clef etc..), mais dans ce cas-là…

Pourquoi y avoir mis un lapin en peluche ?!

C’était le truc le plus bizarre que j’avais vu de toute ma courte carrière de mercenaire !

Je décrochai mon téléphone et composai le numéro d’Eden.
- Quoi ?
- La cible, il est vieux, à moitié chauve avec les yeux verts et une tache de naissance sur la mâchoire gauche ?
- Tu avais une photo en dessous de l’adresse.
- Alors… hum… il est devant moi…
- Oui… Continue…
- Mais on nous a doublées.

Pas de réaction.
- Je fais quoi ?
- Tu effaces tes traces et tu rentres. Elle marqua un temps de pause. Et essaye de voir s’il y a une pizzéria dans le coin.

Elle raccrocha. Fin de la discussion.

Je soupirai et mon regard bifurqua vers le cadavre.

Qui étaient ces rivaux ? Pourquoi cette mise en scène ?

Je m’ennuyais pas mal ces derniers temps, alors je m’amusai à imaginer pourquoi ce foutu prêtre avait fini comme ça. C’était une occupation comme une autre.

Peut-être qu’il avait fait partie d’une secte d’adorateurs de peluches… Qui sait… Il les aurait trahis et aurait balancé des photos d’eux en train de faire des trucs pas très nets avec les doudous de leurs gamins sur internet.

C’était carrément nul comme scénario.

Et puis ça me regardait pas. Le mec était mort, c’était le principal, nan ?

Je n’avais qu’à partir et j’en n’entendrais plus parler, mis à part aux infos…



La curiosité est un vilain défaut, je sais.

Et puis ce n’était pas de la curiosité si je découvrais un truc par hasard en nettoyant mes traces, même là où j’avais pas été ! Ce sont juste des précautions. Oui voilà. Des précautions.

Quoi ?! Vous ne me croyez pas ? Vous connaissez peut-être mon métier ?!

J’enfilai mes gants en cuir et commençai à fredonner une chanson qui n’arrêtait pas de tourner en boucle dans ma tête depuis tout à l’heure.

Welcome to the hotel California… Such a lovely place, such a lovely place, such a lovely face…

Oh ! Tiens ! Un mystérieux petit carnet brun dans la doublure du matelas ! Quel hasard !

Bon, bon, d’accord, j’ai dû l’éventrer, mais c’était pas comme si on allait me retrouver grâce à ça ! Surtout que je l’ai fait avec un couteau de sa propre cuisine ! Enfin bref, je fourrai le carnet dans ma veste et vérifiai si je n’avais pas laissé quelques traces de pas. Non, aucune… bon eh bien…

La sonnerie du téléphone me tira de mes pensées. Il n’y avait que deux personnes qui avaient mon numéro : Eden et Lucy. Sauf que Lucy n’utilisait jamais de téléphone. Ce fut donc sans surprise et sans enthousiasme que j’entendis la voix de ma patronne résonner dans l’appareil.
- Tu t’es perdue ou quoi ?
- Oui. (règle de base : à toute question con, réponse con.)
- Très drôle. N’oublie pas les pizzas.

Ce qu’il y avait de bien avec Eden, c’est qu’elle s’éternisait jamais au moment de raccrocher.
Je descendis les escaliers, les mains dans les poches, sifflotant, et partis à la recherche d’une pizzéria sur le chemin.
Finalement, je fus acclamée comme le messie par mes collègues lorsque j’arrivai avec le repas de midi. Comme quoi, il fallait pas grand-chose……

Plenty of rooms at the hotel California…


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MessageSujet: Re: Une sombre histoire de lapins   Une sombre histoire de lapins Icon_minitimeSam 6 Déc - 17:58

Chapitre 2: Un lapin dans la nuit





J’aimais tuer la nuit. Il y avait moins de monde dans les rues et la victime était chez elle. Un minimum de risques et de surprises donc.

Bon, j’avoue, c’était surtout parce que ça faisait classe. Dans tous les films on voit les méchants super badass se faufiler dans la nuit, en chasseur solitaire.

Bon, d’accord, je ne me considérais pas comme une méchante, et j’étais pas solitaire vu que j’avais Lucy et Eden, mais exécuter un contrat la nuit c’était stylé.

Les mains dans les poches, je marchais d’un pas décontracté vers la maison de ma prochaine cible. Il s’agissait d’une femme d’affaire dont le mari était actuellement en voyage.

Une grande partie de nos victimes étaient des personnes de ce domaine dont les rivaux étaient assez riches et malhonnêtes pour se payer nos services.

Une fois arrivée devant la maison, j’enfilai mes gants et sonnai à la porte.

Si en général, on imaginait que les tueurs se faufilaient en douce dans la maison, dans la vraie vie, sonner à la porte était encore le meilleur moyen pour avoir la victime en face sans se coltiner un crochetage de serrure et risquer de se faire choper par le système d’alarme. Sans parler de la cible qui avait largement le temps de se planquer et d’appeler les flics si on n’était pas doué.

Mon arme était chargée, prête à descendre le contrat dès qu’il pointerait le bout de son nez.

Personne ne vint ouvrir.

Je sonnai encore une fois, prise d’un doute.

Et si elle était partie chez une copine ? Non, il y a une voiture devant. Mais si elle en avait plusieurs et qu’elle était sortie ?

Ah bordel, ça commençait bien pourtant !

J’hésitai. Je pourrais attendre le lendemain pour vérifier ma thèse et la descendre, mais Eden disait toujours que plus nous rodions autour d’une cible, plus nous avions de chances de nous faire repérer.

Merde !

C’est seulement là que je remarquai la porte légèrement entrouverte. Okay… C’était pas très rassurant ça.

Je la poussai du bout du canon de mon flingue et entrai le plus silencieusement possible. Il faisait noir et allumer la lumière n’était pas une bonne idée quand on devait se montrer discrète. Fouillant dans mon blouson, je remerciai encore une fois la prévoyance d’Eden qui nous faisait toujours prendre une lampe de poche quand on partait la nuit. Ça me permettra de ne pas me casser la gueule sur les trucs qui trainaient dans la pièce.

Examiner une grande maison inconnue avec une lampe de poche et une arme à la main avait quelque chose de glauque. Tous les objets habituels semblaient déformés, vivants parfois. Une lampe à moitié cachée par le canapé le transformait en créature étrange au long cou et à la tête triangulaire. Un stylo oublié sur un meuble prenait des airs d’insecte géant. Et je parlais pas des rideaux…Les ombres dansaient au passage du faisceau de lumière, faisant de ma traversée du hall d’entrée et du salon une sorte de mauvais début de film d’horreur. En espérant que je ne sois pas la conne qui se fait buter en premier…



Ah non, j’étais le personnage secondaire qui découvrait le cadavre !

La femme était nue, allongée sur le dos dans la salle de bain. Une balle dans la tête et le bide ouvert.

Ses cheveux blonds étaient presque passés au rouge, imbibés de sang, et ses yeux vitreux fixaient une tâche au plafond avec un air étonné.

J’allais éviter de parler du corps, parce que bon, une vieille à poil c’est plus traumatisant qu’autre chose, mais il y avait quand même un détail qui méritait mon attention.

Je me penchai, intriguée par la peluche qui sortait de ses entrailles. Elle avait été tuée de la même façon que le prêtre Machin. Coïncidence ?

Le carnet que j’avais récupéré la dernière fois ne contenait rien d’intéressant. Je l’avais lu en essayant de trouver plusieurs sous-entendus, de m’inventer des scénarios tordus, avant de le brûler sur ordre de ma patronne en me disant que c’était juste un meurtre bizarre.
Mais maintenant que je voyais ce que j’avais sous les yeux, je regrettai de m’en être débarrassée.

C’était exactement le même mode opératoire et la même putain de peluche lapin !

Quel était le pourcentage de chances pour que la même personne me double deux fois de suite dans deux villes différentes ?

Je me redressai en fronçant les sourcils. J’le sentais pas ce truc. Vraiment pas.

Il valait mieux laisser le cadavre comme ça et se casser vite fait. Pas de recherche d’indice ce soir. J’étais peut-être parano, mais j’avais l’impression que le tueur savait parfaitement que j’allais venir ici ce soir. Ça me foutait un peu les jetons.

Je sortis rapidement de la maison, refermant la porte derrière moi, et pressai le pas pour rejoindre le camping-car où Eden m’attendait.
J’avais à peine la porte que je lui lançai :
- Démarre. Vite !

Sans poser de question, Eden quitta la rue et, quelques minutes plus tard, la ville. J’avais gardé ma veste et m’étais installée à côté d’elle, fixant la route pour tenter de comprendre ce qu’il venait de se passer exactement.
- Attache ta ceinture ou dégage à l’arrière.

Eden n’avait encore posé aucune question. Elle savait que je finirais par parler.
- On m’a encore doublée.
- Attache ta ceinture, Kaelle.

Je lui obéis et continuai.
- Le même que la dernière fois. De la même façon.

Elle mit quelques secondes avant de répondre :
- Tu es sûre ?
- La peluche aussi était la même.

Du coin de l’œil, je la vis froncer les sourcils. Elle aussi trouvait ça louche. C’était donc pas moi qui m’imaginais des trucs.
- T’en pense quoi ? Tentais-je quand même.
- Je vais voir si les deux victimes n’étaient pas liées. En attendant, prend Lucy avec toi les prochaines fois.
- Et si elle pète un câble en voyant une des peluches lapin ?
- T’inquiète.

J’aimais pas cette expression, parce que justement, je m’inquiétais ! Embarquer Lucy dans cette histoire bizarre ne me tentait pas vraiment. Mais il ne restait plus qu’elle et Eden.


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